Jardins & Parc Renaissance Henri IV Napoléon Ier
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Repères

Le château de Fontainebleau avait vu se dérouler les dernières campagnes de travaux de l'Ancien Régime en 1786-1787. Puis arriva la tourmente révolutionnaire qui, dans les premiers temps, ne l'avait pas frappé trop durement. Mais en 1794 la Convention décida de mettre aux enchères une partie des meubles et d'en utiliser une autre partie dans les bureaux officiels. Des dégradations se produisirent mais la destruction totale des bâtiments fut évitée.
Paradoxalement, pendant toute cette période, le château avait néanmoins été affecté à des utilisations variées : entrepôt, hôpital, caserne, prison, logement de vétérans, mise en place de l'Ecole Centrale de Seine-et-Marne en 1796 ou installation de l'Ecole Spéciale Militaire en 1803 par le Premier Consul (transférée à Saint-Cyr en 1808). En fait, ce furent des installations plus ou moins provisoires et inadaptées, qui avaient plus contribué à sa dégradation qu'à son entretien et à sa mise en valeur.
Mais en 1804 Napoléon décide de renouer avec un certain nombre de traditions d'Ancien Régime et remet en valeur les anciennes demeures royales, qu'il entend réutiliser. Parmi celles-ci, le château de Fontainebleau deviendra l'une de ses résidences favorites.

À l’extérieur, l'aménagement le plus notable fut la transformation de la cour du Cheval blanc (1) en grande cour d'entrée. Ayant fait abattre les bâtiments de l'aile ouest, Napoléon fit placer l'actuelle grille d'honneur (2), exécutée par le serrurier Mignon sur les dessins de l'architecte Heurtault : la porte centrale est encadrée de deux pilastres de bronze ornés d'emblèmes impériaux ("N", couronnes impériales, palmes, foudres...) et de deux piliers de pierre surmontés d'aigles majestueuses.
Les jardins, quant à eux, furent largement remodelés. Le jardin de Diane (3) dessiné par Le Nôtre fut remplacé par un jardin au tracé irrégulier. De même l’ancien jardin des Pins (4) fut complètement restructuré pour devenir un jardin à l’anglaise.

À l'intérieur du château, Napoléon respecta le décor préexistant tout en y faisant placer, autant que cela était possible, les emblèmes impériaux. Il reprit pour lui-même et pour Joséphine les anciens appartements royaux qu'il conserva comme appartements d'apparat et dont il maintint même l'ancienne disposition. Les aménagements de cette période les plus fidèlement conservés ou restitués concernent les pièces qui donnent sur le jardin de Diane : chambre de l'Impératrice, salle du Trône, salle du Conseil et Appartement intérieur.

Napoléon Ier avait redonné vie au château en le meublant et en y séjournant avec sa cour : c'était alors une succession de fêtes, réceptions, spectacles et divertissements. Même la chasse y retrouva tout le lustre qu'elle avait connu autrefois. Mais le château fut également témoin d'événements marquants.
En novembre 1804 lorsque le pape Pie VII vint sacrer Napoléon empereur à Notre-Dame de Paris, il fut accueilli et logé dans l'ancienne aile des Reines-Mères. Puis, de 1812 à 1814, ces mêmes pièces revirent le souverain pontife, captif de l'empereur, durant la longue lutte qui opposa leurs deux volontés. Désormais, cet appartement porta le nom d'“appartement du Pape”, en raison de la dignité de l'occupant et de la longueur de sa captivité (19 mois).
En 1814, à l'issue de la campagne de France, Napoléon rédigea son acte d'abdication le 6 avril. Et quelques jours plus tard, il tenta de s'empoisonner dans sa chambre de l'Appartement intérieur. Enfin, les fameux "adieux à la vieille garde", immortalisés par un tableau d'Horace Vernet et par l'imagerie populaire, eurent lieu au pied de l'escalier en fer à cheval, dans la journée du 20 avril. C'est pourquoi on trouve souvent le nom de cour des Adieux à la place de celle de cour du Cheval blanc.

I. LES GRANDS APPARTEMENTS

1) Les appartements de représentation

Le grand salon de l’Impératrice (5) fut auparavant le salon des jeux de la reine Marie-Antoinette (lotos, brelan, tric-trac). Elle avait fait refaire entièrement le décor dans un style néoclassique. L’architecte Pierre Rousseau l’acheva en 1786. Sous l’Empire il fut tout d’abord le Grand salon de Joséphine et son mobilier correspondait aux nouvelles règles de l’étiquette : les fauteuils pour le couple impérial, les chaises pour les sœurs de Napoléon et les pliants pour les autres dames, les hommes eux restaient debout.
La chambre de l'Impératrice (6) fut la chambre de toutes les souveraines depuis la fin du XVIème siècle. Son décor mêle les apports d’Anne d’Autriche, de Marie Leczinska ou de Marie-Antoinette. C’est Joséphine qui utilise pour la première fois le lit prévu à l'origine pour Marie-Antoinette – les troubles politiques des dernières années d'Ancien Régime ne lui ayant pas permis de découvrir sa commande. La chambre était tendue d’une somptueuse soierie lyonnaise exécutée à la fin de l’Ancien Régime (retissée à l’identique et replacée en 1986), mais les embrasses des rideaux sont au chiffre de Joséphine. Une balustrade est adjointe en 1805, dans la droite ligne des anciennes coutumes, afin de préserver l'espace privé de la souveraine. Le mobilier est d’époque néoclassique : commode Louis XVI, fauteuils à sphinx Consulat, pliants, consoles et paumier Empire.
La salle du Trône (7) a pris place dans l'ancienne chambre du Roi avant la Révolution. Elle était utilisée pour les cérémonies de présentation de serment. Le décor rappelle la première vocation de la salle avec l'emblème et la devise de Louis XIII, ou le chiffre de Louis XV. C’est à l’endroit où était autrefois le lit que le trône de Napoléon Ier fut installé. La draperie rouge et les emblèmes rappellent la Rome antique, et le bleu l’ancien manteau des rois de France. Les abeilles apparaissent comme un symbole nouveau. Enfin, en lieu et place du portrait de Louis XIII, Napoléon avait fait placer son propre portrait.
Dans la salle du Conseil (8) se tenait le conseil des ministres lorsque la cour était à Fontainebleau. C’est sous Louis XV que cette pièce avait reçu cette fonction et ce décor. Son plafond est à caissons, dans lesquels ont été placés cinq tableaux de François Boucher. Sur les boiseries, peintes en camaïeu bleu ou rose par Carle Van Loo et J.-B. Pierre sont des allégories des saisons, des éléments ou des vertus : La Renommée, La Paix, La Guerre, L’Histoire, La Clémence… par exemple. Le mobilier a été installé sous l'Empire.

2) L'Appartement intérieur

Cet appartement fait partie du circuit de visite des Grands Appartements et fait suite à la salle du Conseil.
L’Appartement intérieur est celui qu’habitait l’empereur lors de ses séjours entre deux campagnes. Situé au premier étage de l’aile doublant la galerie François Ier sur le jardin de Diane, l’appartement est constitué de six pièces. Construit à l’origine pour Louis XVI entre 1785 et 1786, décoré simplement, il fut entièrement réaménagé pour Napoléon à partir de 1804. Son état a été peu modifié depuis l’Empire et la distribution des pièces correspond encore à l’étiquette établie par Napoléon pour l’agencement des palais impériaux.
La restauration de l’Appartement intérieur, engagée de 1978 à 1995, n’aurait pu se faire sans un effort continu de l’Etat et sans la perennité du savoir-faire des métiers d’art. Elle est pour les visiteurs l’occasion de comprendre comment un des lieux les plus marqués par notre histoire continue d’être aussi un des plus beaux témoignages de notre patrimoine artistique.

La chambre de l’Empereur (9), qui fut après lui la chambre à coucher de tous les souverains jusqu’en 1870, est la pièce la plus spectaculaire de tout l’appartement par la présence du grand lit de parade mis en place en 1809. La pièce était l’ancien “cabinet à la poudre” de Louis XVI (servant à la toilette du roi). Napoléon en fit son cabinet de travail puis sa grande chambre à coucher. Des aménagements faits pour Louis XVI subsistent l’ordonnance générale des boiseries, la cheminée, les encadrements de porte sculptés et les dessus de porte en camaïeu. Suivant les désirs de Napoléon, le décor mural fut enrichi en 1811 de peintures rehaussées d’or : abeilles impériales, victoires, fleurs de pavots, etc... Le lit et les sièges sont recouverts d’un velours chiné. Le fond couleur prune, a été brodé de fil jaune à la demande de Napoléon qui le jugeait trop sombre.
La petite chambre à coucher, qui vient après la grande chambre était en réalité son cabinet de travail (10). Pour que l’empereur put facilement se reposer, un lit mécanique en fer fut, à sa demande, installé en 1811. Ce lit et les sièges sont recouverts de taffetas vert. Le grand bureau mécanique de Jacob Desmalter est d’un type conçu spécialement à la demande de l’empereur : le plateau supérieur à coulisse peut se refermer en un instant. La peinture du plafond date de 1818. C’est une allégorie du retour des Bourbons en France ; elle représente la clémence royale arrêtant le cours de la justice.
Avec le salon particulier de l’Empereur, dit “salon de l’Abdication” (11), la somptuosité du décor et de l’ameublement et l’or répandu à profusion manifestent la volonté de donner aux pièces réservées à l’usage personnel du souverain un éclat exceptionnel. Le brocart de soie et d’or à fond cramoisi, à motifs de lyres et de rosaces garnit les murs et les sièges. L’ameublement complet du salon particulier, mis en place en 1808, est parvenu jusqu’à nous, dont le célèbre guéridon sur lequel Napoléon aurait signé son acte d’abdication le 6 avril 1814, avant de faire ses adieux à la garde dans la cour d’entrée du château. La cheminée en marbre griotte d’Italie, posée en 1805, est encore ornée de la pendule en porcelaine de Sèvres en forme de colonne dont les heures sont représentées par autant de figures de victoires ailées. Un extraordinaire lustre en bronze doré et cristal de roche brille de tous ses feux.
Le passage des bains (12) est une pièce entresolée, faisant suite au salon, qui doit son nom à la salle de bains installée pour Napoléon en 1806 et visible à travers une porte vitrée. La baignoire en cuivre étamé, garnie de mousseline, le bain de pieds en tôle vernie et les sièges en acajou sont ceux que connut l’empereur. Le passage des bains servait aussi de petite salle à manger comme l’indique la table à abattants, livrée en 1808. Les deux fauteuils en acajou destinés à l’empereur et à l’impératrice ont pu être rachetés en vente publique en 1991 et retrouver leur emplacement d’origine.
Le salon des Aides de camp (13) qui suit, rappelle le service, de jour comme de nuit, des Aides de camp de l’Empereur, chargés de la garde de sa personne comme de nombreuses missions spéciales. La sévérité du décor des murs est tempérée par la variété des couleurs apportée par les sièges couverts en tapisserie de Beauvais, à décor d’animaux et de paysages, par les meubles d’acajou et le tapis moquette, retissé à l’identique en 1995.
L’antichambre (14) commande l’enfilade des salles ; elle est desservie par l’escalier de la chapelle et la galerie François Ier. Son ameublement très simple – des banquettes et des tabourets en bois peint, une lanterne en bronze doré – est celui remis en place en 1808.

I. LES PETITS APPARTEMENTS

Les Petits Appartements sont situés au rez-de-chaussée, en partie sous la galerie François Ier et l'Appartement intérieur de Napoléon, en partie sous les appartements royaux donnant sur le jardin de Diane.
La partie qui s'étend sous la galerie François Ier avait constitué au XVIe siècle le célèbre appartement des bains de François Ier. Louis XV décida, à la fin de 1735, de faire aménager dans cette partie du rez-de-chaussée des cabinets intérieurs dans lesquels il pouvait vivre de façon plus intime en compagnie d'un cercle de familiers. À ses côtés il fit loger ses favorites (Madame de Pompadour puis Madame du Barry) et à l'opposé de celles-ci (sous les appartements royaux) Mesdames, ses filles. Louis XVI reprit les cabinets de son grand-père pour lui-même, réservant à ses enfants l'appartement de ses tantes. La construction en 1786 de l'aile neuve doublant les bâtiments de la galerie François Ier permit l'aménagement au rez-de-chaussée d'un véritable petit appartement pour le roi près de la chapelle.
Après la tourmente révolutionnaire, la nouvelle cour fit un premier séjour en 1804 lors de la venue du pape pour le sacre. En 1808 l'appartement des enfants de France devient le Petit Appartement de l'Impératrice et les cabinets de Louis XVI les bureaux de l'empereur. Le Petit Appartement de l'Empereur fut ensuite aménagé dans la partie près de la chapelle en 1810. Malgré quelques transformations dans le décor mural, ces appartements se présentent dans l'ensemble aujourd'hui comme du temps de l'empereur et de l'impératrice.

1) Les Petits Appartements de l'Empereur.

L'antichambre de l'Empereur est meublée simplement.
Avant d'être admis chez l'empereur, les invités attendent dans le premier salon, au mobilier de bois peint, qui constitue ainsi une seconde antichambre.
Dans le deuxième salon de l'Empereur, les tableaux ont été encastrés sous le Second Empire mais le mobilier est, presque au complet, celui de 1810. Sur la cheminée et les consoles se trouvent des éléments du surtout de table offert par Charles IV d'Espagne à Napoléon en 1808. Napoléon passait de sa chambre (contiguë) au salon pour donner les ordres aux chefs de sa maison ou recevoir des ministres.
La chambre du secrétaire particulier de l'empereur est très simplement meublée elle servait au baron de Méneval qui se tenait toujours à la disposition de l'empereur grâce à une clochette reliée directement à sa chambre.
La garde-robe de l'empereur servait à conserver les vêtements. Le siège de toilette fut installé sous le règne de Louis-Philippe, époque où le château commence à s’équiper de sanitaires avec tuyauterie et fosses.
La pièce du gardien du Portefeuille de l'Empereur était occupée en permanence par l'un des deux gardiens du Portefeuille de l'Empereur, sorte d'huissier qui se tenait jour et nuit à la disposition du secrétaire, passant les papiers qui arrivaient et évitant que quelqu'un ne pénètre chez l'empereur.
La pièce de passage était le cabinet des dépêches. Les boiseries d'époque Louis XV ont été remontées, semble-t-il, en 1786 et décapées en 1863.
La chambre à coucher comprend un lit et des sièges provenant des Tuileries. Ils avaient d'abord figuré dans la chambre à coucher de l'empereur au premier étage avant d'être installés ici en 1810. Ils sont un bon exemple de l'influence de l'art égyptien sur le mobilier du début du XIXe siècle.
La bibliothèque particulière était réservée au seul usage de Napoléon. Elle fut aménagée dans l'ancien salon des jeux de Louis XVI dont on conserva la majeure partie du décor. A l'exception du bureau et du tabouret, l'ameublement fut fourni par l'ébéniste Jacob-Desmalter. Debout derrière le pupitre, Méneval y écrivait sous la dictée de Napoléon.
Les trois pièces qui suivent étaient affectées au service des secrétaires de l'empereur. Le mobilier de ces trois bureaux est analogue à celui de 1810 : tables à écrire, bureaux mécaniques ou à cylindre... Quant au décor du dernier bureau, c'est l'impératrice Eugénie qui le transforma. On l'appelle le « salon des Oiseaux » depuis que les boiseries reçurent des toiles de Snyders et Fyt.
L'antichambre du Col de cygne était la pièce des buffets au temps de Louis XVI (la fontaine en plomb doré servait à conserver les bouteilles au frais). Dans les vitrines est exposée une partie du service en porcelaine de Sèvres à décor en camaïeu rose utilisé à Fontainebleau sous Louis XV et Louis XVI.
Le cabinet topographique est une pièce de travail pour Napoléon. Les trois grandes tables servaient à étaler les cartes. La pendule géographique du célèbre horloger Janvier indique à chaque instant l'heure dans toutes les parties de la France.

2) Les Petits Appartement de l'Impératrice

Ils furent aménagés pour Joséphine qui les utilisa en 1809. Marie-Louise les occupa en 1810. On y entrait par le vestibule de la cour Ovale.
Le salon d'étude était une pièce privée (c'est la dernière pièce de l'appartement). L'impératrice y travaillait ou se tenait avec un cercle restreint. La table à dessiner, le chevalet, le métier à broder et le piano-forte donnent une idée des activités de l'impératrice.
Le cabinet de passage permettait d'aller vers la chambre à coucher et de gagner les jardins.
Le mobilier de la chambre de l'Impératrice a été installé pour Joséphine : le brocart des sièges et du lit dont les couleurs sont très fanées est d'origine. Seule transformation, la couchette a été agrandie pour deux personnes sous Louis-Philippe.
La salle de bains de l'Impératrice possède un ingénieux système qui permet de dissimuler la baignoire encastrée dans le sol sous un canapé amovible. La pièce servait ainsi également de boudoir. Le mobilier d'origine est en place, les rideaux et les garnitures des sièges ont été retissés d'après l'original.
La pièce de service séparait l'appartement privé de l'impératrice (du salon d'étude à la salle de bains) des pièces de réception. Les dames d'annonce s'y tenaient. Leur fonction étant, comme leur nom l'indique, d'annoncer à l'impératrice les personnes qui désiraient lui parler. On les appelait les "femmes rouges" en raison de leur tenue.
Le deuxième salon de l'Impératrice est appelé aussi salon Jaune en raison de sa couleur. Le mobilier de ce salon de réception est d'un modèle riche, en bois doré. On remarquera la console face aux fenêtres : munie de deux pilastres arrière en bronze, elle est sans fond de glace pour laisser passer la chaleur venant de la bouche de chauffage à air chaud situé derrière. Entre les fenêtres, les petites consoles pouvaient servir de jardinières.
Le premier salon de l'Impératrice était réservé aux officiers de service ; ce salon servait également de salle de jeux. Des tables y étaient alors apportées et les "voyeuses" permettaient aux spectateurs de regarder le jeu : les dames se mettaient à genoux sur celles en forme de prie-dieu, les hommes s'asseyaient à califourchon sur les plus hautes. Si l'impératrice le souhaitait, on débarrassait ce salon de ses tables de jeux dans le cabinet de passage.
Bien avant de devenir la première pièce par laquelle on entrait chez l'impératrice, l'antichambre de l'Impératrice était une chambre sous Louis XV.

III. LE MUSEE NAPOLEON Ier

Création du musée

Depuis 1986, le château de Fontainebleau est également le siège du Musée Napoléon Ier, consacré à l'empereur et à sa famille. Dans une suite de neuf salles sont présentées des collections prestigieuses tant par leur qualité artistique que par leur importance historique. On y trouve des armes, des pièces d'orfèvrerie, d'habillement, des porcelaines, ayant appartenu aux divers membres de la famille impériale, ainsi que des bustes ou des peintures qui restituent leurs traits.
La décision de créer au château de Fontainebleau ce musée a été prise en 1979 au moment où le prince Napoléon et les autres descendants de Jérôme, dernier frère de Napoléon, ont conclu avec l'Etat français un arrangement portant don et cession d'une partie des collections de la famille impériale.
Un certain nombre des œuvres concernées étaient déjà, depuis 1968, mises en dépôt par le prince dans les musées de Bois-Préau (annexe de Malmaison) et de Compiègne. Il a paru préférable de les répartir entre les musées napoléoniens préexistants et le musée du château de Fontainebleau. Si Malmaison restait le musée du Consulat, de Joséphine et de ses enfants, Bois-Préau le musée de Sainte-Hélène, du Retour des Cendres et de la légende, Compiègne, le musée du Second Empire, Fontainebleau allait devenir le musée de Napoléon Ier empereur et de ses frères et soeurs souverains en Europe entre 1804 et 1815.
Le musée Napoléon Ier de Fontainebleau ne fait donc revivre ni l'épopée ni la légende. Il n'est pas davantage le musée de tout le Premier Empire. Il est axé sur l'Empereur et sa famille.

Programme muséographique

L'aile Louis XV dans laquelle est installé le Musée Napoléon Ier a été construite de 1738 à 1774 pour servir de logement aux nombreux membres de la cour. De 1803 à 1808 elle fut utilisée pour l'Ecole Spéciale Militaire (transférée en 1808 à Saint-Cyr). Son décor intérieur remonte à la campagne de travaux (1808-1810), qui permit l'aménagement, voulu par Napoléon, de nouveaux appartements destinés à la famille impériale.
Le parti muséographique choisi a été d'intégrer des objets et œuvres d'art relatifs à des personnages historiques dans un décor palatial. On a donc porté une attention toute spéciale au choix des tissus qui garnissent murs et sièges (tous les modèles ont figuré à Fontainebleau ou dans d'autres palais sous le Premier Empire).
Les collections sont réparties de manière thématique.

Corridor

Des tableaux et des bustes lui donnent l'aspect d'une galerie de famille.
Pour une lecture détaillée, allez dans la partie “arrêts sur images”, section II “une famille comblée par l’Empereur” (généalogie).

Salle I : Napoléon empereur et roi

Sacré empereur en 1804, Napoléon fut également couronné roi d'Italie en 1805. La cérémonie du sacre est connue grâce aux descriptions contemporaines ainsi que par les trente-neuf dessins du Livre du sacre (exposé au centre de la vitrine). Napoléon et Joséphine revêtirent à cette occasion plusieurs tenues. Les deux grands tableaux de Gérard les montrent dans leur grand habillement avec les insignes impériaux. Ce qui subsiste des habits et des insignes est exposé dans la vitrine : Du grand habillement de l'empereur il reste la tunique brodée, la ceinture et le modèle des chaussures. Du petit habillement (revêtu par Napoléon pour aller et revenir de Notre-Dame, devenu par la suite la tenue de cérémonie de l'empereur) il reste le manteau, l'habit de velours pourpre et la ceinture.
Les insignes impériaux sont visibles sur le portrait : le sceptre et l'anneau impérial, l'épée, la couronne de lauriers, le grand collier de la légion d'honneur, le globe et la main de justice. Ils furent détruits sous la Restauration, sauf l'épée (créée pour Bonaparte sous le Consulat, elle comportait à l'origine quarante-deux diamants, dont le fameux "Régent", de 136 carats, qui ont été remplacés par des copies en cristal en 1812). Tombée de la couronne au cours d'une séance de pose pour le peintre Isabey, une feuille de laurier en or a été montée sur une tabatière exposée dans la vitrine. En 1805, à l'occasion de son couronnement en Italie, Napoléon revêtit un habit de velours vert, sur un modèle identique à celui du petit habillement. Il portait la croix et la plaque de l'Ordre de la Couronne de Fer exposées ici également.

Salle II : Les fastes de la table impériale

Napoléon considérait le cérémonial comme indispensable à la manifestation de son pouvoir souverain. Monsieur de Ségur, nommé Grand maître des cérémonies dès 1804 fut chargé d'établir "L'Étiquette du Palais impérial" qui énumère les règles du protocole. Le titre V qui traite des "Repas de leurs Majestés" distingue trois situations : le grand couvert (en public), le petit couvert (avec un cercle restreint) et le service dans les appartements intérieurs.
Le tableau de Casanova représentant le banquet du mariage de Napoléon et de Marie-Louise aux Tuileries évoque pour nous ce que fut un grand couvert. On peut y distinguer en particulier plusieurs éléments du grand vermeil exécuté par l'orfèvre Henry Auguste et offert par la ville de Paris à l'occasion du sacre. Sur les mille pièces d'origine il n'en reste que 24 dont une partie est exposée dans les vitrines :
- les nefs de l'empereur et de l'impératrice servaient à ranger les serviettes entre des coussins de senteur. La nef de l'empereur est ornée à la poupe des figures de la Justice et de la Vérité et, à la proue, de celle de la Victoire ; sur le côté face aux visiteurs un bas-relief représentant la ville de Paris remettant le "grand vermeil" à Napoléon. La nef de l'impératrice est ornée à la poupe des figures des Trois Grâces et à la proue, de celle de la Bienfaisance ; sur le bas-relief du côté, l'impératrice faisant distribuer des secours aux malheureux ;
- en complément de ces nefs qui constituaient les pièces principales du décor de la table, les deux cadenas dans lesquels étaient rangées les épices ;
- d'autres pièces du grand vermeil sont réparties dans les trois vitrines du fond de la salle : pots à oille (ronds), terrines (ovales), seaux à bouteilles, verrières (pour mettre les verres à rafraîchir) et une aiguière et sa jatte.
D'autres services, de vermeil, d'argent étaient également utilisés. Des services en porcelaine créés par la Manufacture de Sèvres pour Napoléon, le plus important est le Service particulier de l'empereur dont dix-neuf des soixante-douze assiettes décorées de sujets "agréables" à l'empereur, sont visibles dans la vitrine de gauche (vues d'Egypte, de Syrie, de Paris et ses environs ...). Le marli (bord) d'un vert nouveau "dont la découverte est due aux chimistes français" (Brongniart, administrateur de la manufacture) est orné d'une frise de glaives en or.
Un autre service en porcelaine de Sèvres est exposé dans une vitrine : le service "vues diverses" commencé pour Napoléon mais achevé seulement sous la Restauration.

Salle III : les cadeaux faits à l'empereur

Au cours de son règne Napoléon reçut de nombreux cadeaux diplomatiques. Le surtout de table offert par le roi Charles IV d'Espagne entre dans cette catégorie. Certaines pièces de ce surtout, assez éloigné du goût français, subirent des transformations et furent dispersées dans les palais impériaux sous formes de pendules ou candélabres. Trente et une sont présentées ici, sur les consoles et la cheminée : divers monuments en albâtre, pierres dures et bronze doré, le tout réalisé vers 1790 dans les ateliers royaux de Madrid (Buen Retiro). D'autres parties de ce surtout se retrouvent dans les Petits Appartements.
Certains cadeaux étaient des ventes déguisées, le donateur attendant une gratification. De ce nombre est la table dite de Venise, réalisée en pâtes de verre polychrome par un verrier vénitien du nom de Barbaria (au centre de la salle).

Salle IV : L'empereur en campagne

Entre 1804 et 1814 Napoléon passa trois ans et trois mois en campagne. Il y avait donc toute une organisation pour les déplacements et pour la vie sur les champs de bataille. Est reconstitué ici, partiellement, l'intérieur de la tente de l'empereur, telle qu'elle était dressée à son arrivée sur place d'après un modèle conservé au Mobilier National. En avant est évoqué ce que l'on appelait le "cabinet", avec un mobilier très simple, table et sièges pliants, flambeau, couvert démontable. Au fond, la chambre à coucher de l'empereur avec son lit en fer.
Dans la vitrine de droite sont présentés les nécessaires de voyage qui servaient à Napoléon pour faire sa toilette, travailler et prendre ses repas. La plupart de ces objets sont de l'orfèvre Biennais.
Dans la deuxième vitrine on reconnait la célèbre redingote et un des chapeaux en feutre noir que l'empereur portait avec ses uniformes. Le portefeuille, aux armes de Napoléon, servait à transporter le courrier et les papiers des diverses administrations pendant les séjours en campagne, maintenant ainsi des rapports constants avec Paris et le gouvernement de l'Empire.

Salle V : La vie quotidienne de l'empereur et armes de parades

Chaque jour Napoléon porte une tenue militaire, soit l'uniforme bleu de colonel des grenadiers à pied de la Garde soit l'uniforme vert des chasseurs à cheval (ils sont exposés en alternance dans la vitrine de droite). Son emploi du temps est bien réglé. Après la toilette du matin et l'entrée des familiers, il travaille généralement dans son bureau avec ses secrétaires. L'ensemble de la journée est d'ailleurs consacré au travail interrompu seulement par de courts moments accordés aux repas (5 minutes parfois), à la promenade, la chasse (voir ses fusils à côté d'une de ses épées de service et de quelques objets lui ayant appartenu dans la vitrine de gauche) ou le spectacle. Le dimanche est réservé à la représentation : messe, parade, audience diplomatique et audience générale.
Dans une autre vitrine, ce sont des objets qui appartenaient à Jérôme, roi de Westphalie : cuirasse, casque ou fontaine à thé ; à Joseph, roi d'Espagne : couteau de chasse, nécessaire à pistolet ; ou encore à Louis, le roi de Hollande. Enfin une dernière recèle le sabre, dit “sabre des Empereurs”, remis par l'empereur François d'Autriche au jeune général Bonaparte.

Salle VI : Marie-Louise

Après avoir divorcé de Joséphine qui ne lui donnait pas l'héritier nécessaire pour asseoir son régime, Napoléon épousa en 1810 Marie-Louise, fille de l'empereur François Ier d'Autriche (et petite-nièce de la reine Marie-Antoinette).
La nouvelle impératrice avait dix-huit ans. Un grand portrait, réplique d'un original de Gérard la représente en grand costume d'apparat. Divers souvenirs sont exposés qui donnent un aperçu sur la vie et les goûts de Marie-Louise : métier à broder, serre-bijoux, et dans la vitrine déjeuner en porcelaine de Sèvres dit "des peines et plaisirs de l'amour", tabatière, almanach relié à son chiffre...
D'autre part sur le mur de gauche une scène intime peinte par Menjaud révèle le goût que Marie-Louise avait pour les arts : elle est représentée faisant le portrait de son mari.

Salles VII, VIII et IX : Le roi de Rome

Napoléon-François-Charles, roi de Rome, naquit aux Tuileries le 20 mars 1811. L'événement qui comblait les espoirs de l'empereur fut salué par cent un coups de canon et les acclamations des Parisiens. L'enfant fut confié à la comtesse de Montesquiou nommée gouvernante des enfants de France. Dans la première pièce qui lui est consacrée un petit buste en plâtre le représente à l'âge de quelques mois. Au centre de la pièce, le berceau en orme par Thomire-Duterme, qui a figuré dans la chambre à coucher des Tuileries, reprend de nombreux éléments du célèbre berceau d'apparat offert par la ville de Paris à l'occasion de sa naissance (envoyé à Vienne en 1814). Sur la commode, provenant également de la chambre des Tuileries, est posé le baptistère en vermeil qui servit à l'ondoiement du petit prince.
On retrouve le roi de Rome agé d'environ un an et demi sur un portrait (salle VIII) par Gérard, (peut-être l'exemplaire envoyé par Marie-Louise à Napoléon en Russie et exposé devant sa tente à la veille de la bataille de la Moskowa). Dans la vitrine sont différents jouets et jeux éducatifs du roi de Rome : sabre, fusil, tambour, canon, puzzle, jeu de dominos. Enfin une méthode de lecture "le Quadrille des enfants" comportant un livre et deux boîtes de fiches.
Dans la salle IX sont exposés par roulement des éléments de la layette : chemises, brassières, dessus de berceau, habit en nankin. Comme le voulait la tradition, cette layette avait dû être donnée par la suite à la gouvernante, ce qui explique que la plupart des éléments en notre possession viennent des descendants de Madame de Montesquiou. Celle-ci est d'ailleurs représentée sur le tableau de Menjaud (en face de la vitrine) où l'on voit Napoléon, assis à sa table de déjeuner, tenant le roi de Rome dans ses bras, en présence de Marie-Louise, de Madame de Montesquiou, de la nourrice Madame Auchard.

REPÈRES

Napoléon Ier à Fontainebleau

I.
LES GRANDS APPARTEMENTS

II.
LES PETITS APPARTEMENTS

III.
LE MUSÉE NAPOLÉON Ier

Plan du Château
sous le second Empire :

La Société des Amis & Mécènes du Château de Fontainebleau I crédit photos I Legal