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Le château médiéval

Ce plan conjectural réalisé dans les années 1920 ou 30 permet de situer le château et le couvent des Trinitaires avant les travaux de François Ier.

Bray, Albert, Fontainebleau à la fin du XVe siècle, le château - le couvent et leurs abords (plan conjectural).


Le château de la Renaissance

Le recueil de gravures de Jacques Androuet Du Cerceau, "Les plus excellents bastiments de France", donne à voir plusieurs vues du château de Fontainebleau à la fin du XVIe siècle. On peut remarquer sur la deuxième gravure, et de droite à gauche, quelques grands ensembles : la cour du Cheval Blanc, le jardin des Pins, l'étang, la cour de la Fontaine, la cour Ovale, un vaste espace quadrillé de fossés drainants, et enfin un jardin privé composé de quatre parterres réguliers et d'une fabrique.

Fontainebleau. Veues du lieu du costé du bourg, gravure, 1579 :



Fontainebleau Veues du logis du costé de lestang, gravure,1579 :


Du Cerceau, Jacques Androuet, Les plus excellents bastiments de France.


François Ier transforme les déserts

Évocation de François Ier bâtisseur, du château et des jardins de Fontainebleau en particulier, et des « maisons » construites par ses courtisans aux environs.

Mais ce n’est pas tout que la magnificence de ce grand roi pour sa table. Il faut aussi rappeler les bâtiments et les superbes édifices qu’il a fait construire ! Quelle belle construction que Fontainebleau : du désert que c’était, il a fait la plus belle maison de la chrétienté ! […] Ces déserts donc, ce grand roi les a transformés en la plus belle et plus plaisante demeure que l’on puisse trouver dans toute la chrétienté : un bâtiment si beau et si riche, si grand et si spacieux, qu’il peut loger tout un petit monde, avec quantité de beaux jardins, de bosquets, de belles fontaines et de toutes autres choses propices au plaisir et à la récréation.
Ce n’est pas tout : il y a dans le bourg que le roi voulait transformer en ville avec le temps, une trentaine de maisons – que dis-je, des maisons – c’est de trente palais qu’il faut parler, élevés à l’envi, pour complaire à leur roi, par les princes, les cardinaux et les grands seigneurs. […]
Bref, c’est un petit paradis en France.

Brantôme, Pierre de Bourdeille (1540-1614 ; seigneur de), Mémoires, Vies des hommes illustres et des grands capitaines, 1665.


L'entrée royale revue par l'italien Cellini.

Dans son autobiographie, Vie de Benvenuto Cellini écrite par lui-même, Cellini relate sa vie d'artiste auprès des grands princes de son temps et de François Ier en particulier qui deviendra l'un de ses commanditaires. À Fontainebleau, où les deux hommes se rencontrent en 1540, Cellini remodèle la porte Dorée, entrée royale sous le règne de François Ier.

On avait affaire à une de ces grandes portes basses, dans le mauvais goût français. L’ouverture presque carrée était surmontée d’un arc en anse de panier. Dans la lunette, le roi désirait une figure représentant la Nymphe de Fontainebleau. Je corrigeai l’ouverture en lui donnant des proportions superbes et plaçai au-dessus un demi cercle parfait. Sur les côtés, j’introduisis d’élégants ressauts posés sur des socles avec, en haut, des corniches correspondantes. Je remplaçai par deux satyres en haut relief les deux colonnes que semblait réclamer cette disposition. […] Dans la lunette une femme allongée dans une belle attitude posait son bras gauche sur le cou d’un cerf, un des emblèmes du roi. D’un côté, j’avais modelé un demi-relief des faons, des sangliers et d’autres animaux sauvages en relief réduit ; de l’autre côté, des braques et des lévriers de différentes races. […] J’avais ramassé toute cette composition dans un cadre oblong ; dans les écoinçons deux Victoires en bas relief tenaient des torches pareilles à celles de l’usage antique. Au-dessus, j’avais placé une salamandre, emblème personnel du roi, avec une profusion d’ornements appropriés à l’architecture ionique de l’ensemble de l’ouvrage. La vue du modèle le remplit de joie […].

Cellini, Vie de Benvenuto Cellini écrite par lui-même.

Cellini Benvenuto, La Nymphe de Fontainebleau, bronze, (H : 2,050m. ; 4.090 m.), Paris, Musée du Louvre.


L'ambassadeur d'Henri VIII visite Fontainebleau.

L'ambassadeur d'Angleterre, Sir Henry Wallop, relate au roi Henri VIII sa visite à Fontainebleau le 17 novembre 1540, effectuée sous la conduite de François Ier. L'auteur souligne dans son récit le caractère privé que peuvent avoir les galeries et la surprise que constitue celle de François Ier pour les hommes de l'époque. Ce texte met aussi en évidence la diffusion de la Renaissance artistique par les voyages d'une élite cultivée (ici l'ambassadeur d'Henry VIII) ou d'artistes (Nicolas Belin de Modène). Enfin il révèle le goût pour l'antique par le biais d'œuvres qui s'en inspirent ou par la réappropriation de certains aspects de la culture romaine tels que les bains.

[...] nous entrâmes dans sa chambre à coucher qui, je l’assure à Votre Majesté, est très singulière, tant par des bordures antiques [réalisées d’étoffes], que par un plafond précieux et une cheminée très bien faite. [… le] roi de France me demanda de monter sur un banc pour sentir ladite matière et étoffe […]. Lui, en bon et gracieux prince, m’aida en me poussant en avant de la main […] ; et de même pour ma descente, il m’épaula à nouveau et, de là, me conduisit dans sa galerie dont il gardait la clef sur lui comme le fait Votre Majesté ; je le lui signalai, ce dont il prit plaisir. Et ayant bien regardé ladite galerie (1), je la trouvai la plus magnifique que j’aie jamais vue ; quant à sa longueur et largeur, personne ne peut mieux le dire que Modon (2), qui a travaillé là dès le début, alors qu’elle n’était pas dans la perfection où elle est maintenant. Le plafond au-dessus est constitué de bois de noyer, et d’une autre forme que celle à laquelle Votre Majesté est accoutumée ; il est ouvragé avec des bois de diverses couleurs, comme je l’ai rapporté plus tôt à Votre Majesté, et est partiellement doré ; le sol de la galerie est en bois, étant ouvragé dans la même manière ; ladite galerie est fermée tout autour, et finement ouvragée dans les trois de ses parties ; la quatrième partie est entièrement composée d’antiques de cette estoffe que ledit Modon fait pour les cheminées de Votre Majesté ; et entre chaque fenêtre se tiennent de grands personnages entiers à l’antique, et dans divers endroits de la galerie sont installés beaucoup de beaux tableaux d’histoire très finement travaillés, comme Lucrèce (3) et autres, ce dont ledit Modon pourra beaucoup mieux expliquer toutes les perfections à Votre Majesté que moi. Et dans la galerie à Saint-James la même chose pourrait faire bon effet, car elle est à la fois plus haute et plus large. Si votre plaisir est d’avoir le dessein de celle d’ici, je sais très bien que le roi de France me le donnera volontiers.
De là il me conduisit à son logis sous ladite galerie, aussi bien pour le voir que pour examiner les bains et étuves (4) ; nous trouvâmes Madame d’Etampes et Madame Dowbeney (5) dans une chambre à côté, où il y avait deux lits : et dans mon opinion, on les rencontre plus souvent dans lesdits bains que couchées auprès de leurs maris. […] Et de là, le roi me conduisit aux dits bains, qui étaient chauds et fumaient tellement, comme s’il y avait du brouillard, que le roi me précéda pour me guider. Après il entra dans l’étuve, qui est aussi bien conçue pour ce besoin qu’il est possible ; le bain est fait comme une piscine fermée par une barrière qui laisse seulement le passage à une personne pour entrer de côté, où je pense qu’ils étaient ce matin.
Le roi de France, retournant par lesdites chambres, se rendit tout droit à la messe […].

Sir Henry Wallop, Courrier diplomatique au roi Henri VIII, 17 novembre 1540. Extrait de Solnon Jean-François (sous la direction de), Sources d'histoire de la France Moderne, Larousse, 1994, pp. 126-127.

(1) Actuelle galerie François Ier qui reliait la chambre du roi, d'où vient le narrateur, à la chapelle vers laquelle le roi se rendra (cf. fin du texte).

(2) Nicolas Belin de Modène (Modène, vers 1490 - Londres, 1569), peintre et sculpteur italien, travaille auprès de François Ier dès 1516 et collabore avec Primatice à Fontainebleau au milieu des années 1530, avant de se mettre au service d'Henry VIII.

(3) Erreur d'interprétation manifeste de l'auteur.

(4) Il s'agit de l'appartement des Bains, salles situées au rez-de-chaussée de la galerie décrite plus haut par l'auteur.

(5) Mme d'Aubigné.

La Société des Amis & Mécènes du Château de Fontainebleau I crédit photos I Legal