II. LES PETITS APPARTEMENTS

Les Petits Appartements sont situés au rez-de-chaussée, en partie sous la galerie François Ier et l’Appartement intérieur de Napoléon, en partie sous les appartements royaux donnant sur le jardin de Diane.
La partie qui s’étend sous la galerie François Ier avait constitué au XVIe siècle le célèbre appartement des bains de François Ier. Louis XV décida, à la fin de 1735, de faire aménager dans cette partie du rez-de-chaussée des cabinets intérieurs dans lesquels il pouvait vivre de façon plus intime en compagnie d’un cercle de familiers. À ses côtés il fit loger ses favorites (Madame de Pompadour puis Madame du Barry) et à l’opposé de celles-ci (sous les appartements royaux) Mesdames, ses filles. Louis XVI reprit les cabinets de son grand-père pour lui-même, réservant à ses enfants l’appartement de ses tantes. La construction en 1786 de l’aile neuve doublant les bâtiments de la galerie François Ier permit l’aménagement au rez-de-chaussée d’un véritable petit appartement pour le roi près de la chapelle.
Après la tourmente révolutionnaire, la nouvelle cour fit un premier séjour en 1804 lors de la venue du pape pour le sacre. En 1808 l’appartement des enfants de France devient le Petit Appartement de l’Impératrice et les cabinets de Louis XVI les bureaux de l’empereur. Le Petit Appartement de l’Empereur fut ensuite aménagé dans la partie près de la chapelle en 1810. Malgré quelques transformations dans le décor mural, ces appartements se présentent dans l’ensemble aujourd’hui comme du temps de l’empereur et de l’impératrice.

1) Les Petits Appartements de l’Empereur.

L’antichambre de l’Empereur est meublée simplement.
Avant d’être admis chez l’empereur, les invités attendent dans le premier salon, au mobilier de bois peint, qui constitue ainsi une seconde antichambre.
Dans le deuxième salon de l’Empereur, les tableaux ont été encastrés sous le Second Empire mais le mobilier est, presque au complet, celui de 1810. Sur la cheminée et les consoles se trouvent des éléments du surtout de table offert par Charles IV d’Espagne à Napoléon en 1808. Napoléon passait de sa chambre (contiguë) au salon pour donner les ordres aux chefs de sa maison ou recevoir des ministres.
La chambre du secrétaire particulier de l’empereur est très simplement meublée elle servait au baron de Méneval qui se tenait toujours à la disposition de l’empereur grâce à une clochette reliée directement à sa chambre.
La garde-robe de l’empereur servait à conserver les vêtements. Le siège de toilette fut installé sous le règne de Louis-Philippe, époque où le château commence à s’équiper de sanitaires avec tuyauterie et fosses.
La pièce du gardien du Portefeuille de l’Empereur était occupée en permanence par l’un des deux gardiens du Portefeuille de l’Empereur, sorte d’huissier qui se tenait jour et nuit à la disposition du secrétaire, passant les papiers qui arrivaient et évitant que quelqu’un ne pénètre chez l’empereur.
La pièce de passage était le cabinet des dépêches. Les boiseries d’époque Louis XV ont été remontées, semble-t-il, en 1786 et décapées en 1863.
La chambre à coucher comprend un lit et des sièges provenant des Tuileries. Ils avaient d’abord figuré dans la chambre à coucher de l’empereur au premier étage avant d’être installés ici en 1810. Ils sont un bon exemple de l’influence de l’art égyptien sur le mobilier du début du XIXe siècle.
La bibliothèque particulière était réservée au seul usage de Napoléon. Elle fut aménagée dans l’ancien salon des jeux de Louis XVI dont on conserva la majeure partie du décor. A l’exception du bureau et du tabouret, l’ameublement fut fourni par l’ébéniste Jacob-Desmalter. Debout derrière le pupitre, Méneval y écrivait sous la dictée de Napoléon.
Les trois pièces qui suivent étaient affectées au service des secrétaires de l’empereur. Le mobilier de ces trois bureaux est analogue à celui de 1810 : tables à écrire, bureaux mécaniques ou à cylindre… Quant au décor du dernier bureau, c’est l’impératrice Eugénie qui le transforma. On l’appelle le « salon des Oiseaux » depuis que les boiseries reçurent des toiles de Snyders et Fyt.
L’antichambre du Col de cygne était la pièce des buffets au temps de Louis XVI (la fontaine en plomb doré servait à conserver les bouteilles au frais). Dans les vitrines est exposée une partie du service en porcelaine de Sèvres à décor en camaïeu rose utilisé à Fontainebleau sous Louis XV et Louis XVI.
Le cabinet topographique est une pièce de travail pour Napoléon. Les trois grandes tables servaient à étaler les cartes. La pendule géographique du célèbre horloger Janvier indique à chaque instant l’heure dans toutes les parties de la France.

2) Les Petits Appartement de l’Impératrice

Ils furent aménagés pour Joséphine qui les utilisa en 1809. Marie-Louise les occupa en 1810. On y entrait par le vestibule de la cour Ovale.
Le salon d’étude était une pièce privée (c’est la dernière pièce de l’appartement). L’impératrice y travaillait ou se tenait avec un cercle restreint. La table à dessiner, le chevalet, le métier à broder et le piano-forte donnent une idée des activités de l’impératrice.
Le cabinet de passage permettait d’aller vers la chambre à coucher et de gagner les jardins.
Le mobilier de la chambre de l’Impératrice a été installé pour Joséphine : le brocart des sièges et du lit dont les couleurs sont très fanées est d’origine. Seule transformation, la couchette a été agrandie pour deux personnes sous Louis-Philippe.
La salle de bains de l’Impératrice possède un ingénieux système qui permet de dissimuler la baignoire encastrée dans le sol sous un canapé amovible. La pièce servait ainsi également de boudoir. Le mobilier d’origine est en place, les rideaux et les garnitures des sièges ont été retissés d’après l’original.
La pièce de service séparait l’appartement privé de l’impératrice (du salon d’étude à la salle de bains) des pièces de réception. Les dames d’annonce s’y tenaient. Leur fonction étant, comme leur nom l’indique, d’annoncer à l’impératrice les personnes qui désiraient lui parler. On les appelait les « femmes rouges » en raison de leur tenue.
Le deuxième salon de l’Impératrice est appelé aussi salon Jaune en raison de sa couleur. Le mobilier de ce salon de réception est d’un modèle riche, en bois doré. On remarquera la console face aux fenêtres : munie de deux pilastres arrière en bronze, elle est sans fond de glace pour laisser passer la chaleur venant de la bouche de chauffage à air chaud situé derrière. Entre les fenêtres, les petites consoles pouvaient servir de jardinières.
Le premier salon de l’Impératrice était réservé aux officiers de service ; ce salon servait également de salle de jeux. Des tables y étaient alors apportées et les « voyeuses » permettaient aux spectateurs de regarder le jeu : les dames se mettaient à genoux sur celles en forme de prie-dieu, les hommes s’asseyaient à califourchon sur les plus hautes. Si l’impératrice le souhaitait, on débarrassait ce salon de ses tables de jeux dans le cabinet de passage.
Bien avant de devenir la première pièce par laquelle on entrait chez l’impératrice, l’antichambre de l’Impératrice était une chambre sous Louis XV.