I. LES GRANDS APPARTEMENTS

1) Les appartements de représentation

Le grand salon de l’Impératrice (5) fut auparavant le salon des jeux de la reine Marie-Antoinette (lotos, brelan, tric-trac). Elle avait fait refaire entièrement le décor dans un style néoclassique. L’architecte Pierre Rousseau l’acheva en 1786. Sous l’Empire il fut tout d’abord le Grand salon de Joséphine et son mobilier correspondait aux nouvelles règles de l’étiquette : les fauteuils pour le couple impérial, les chaises pour les sœurs de Napoléon et les pliants pour les autres dames, les hommes eux restaient debout.
La chambre de l’Impératrice (6) fut la chambre de toutes les souveraines depuis la fin du XVIème siècle. Son décor mêle les apports d’Anne d’Autriche, de Marie Leczinska ou de Marie-Antoinette. C’est Joséphine qui utilise pour la première fois le lit prévu à l’origine pour Marie-Antoinette – les troubles politiques des dernières années d’Ancien Régime ne lui ayant pas permis de découvrir sa commande. La chambre était tendue d’une somptueuse soierie lyonnaise exécutée à la fin de l’Ancien Régime (retissée à l’identique et replacée en 1986), mais les embrasses des rideaux sont au chiffre de Joséphine. Une balustrade est adjointe en 1805, dans la droite ligne des anciennes coutumes, afin de préserver l’espace privé de la souveraine. Le mobilier est d’époque néoclassique : commode Louis XVI, fauteuils à sphinx Consulat, pliants, consoles et paumier Empire.
La salle du Trône (7) a pris place dans l’ancienne chambre du Roi avant la Révolution. Elle était utilisée pour les cérémonies de présentation de serment. Le décor rappelle la première vocation de la salle avec l’emblème et la devise de Louis XIII, ou le chiffre de Louis XV. C’est à l’endroit où était autrefois le lit que le trône de Napoléon Ier fut installé. La draperie rouge et les emblèmes rappellent la Rome antique, et le bleu l’ancien manteau des rois de France. Les abeilles apparaissent comme un symbole nouveau. Enfin, en lieu et place du portrait de Louis XIII, Napoléon avait fait placer son propre portrait.
Dans la salle du Conseil (8) se tenait le conseil des ministres lorsque la cour était à Fontainebleau. C’est sous Louis XV que cette pièce avait reçu cette fonction et ce décor. Son plafond est à caissons, dans lesquels ont été placés cinq tableaux de François Boucher. Sur les boiseries, peintes en camaïeu bleu ou rose par Carle Van Loo et J.-B. Pierre sont des allégories des saisons, des éléments ou des vertus : La Renommée, La Paix, La Guerre, L’Histoire, La Clémence… par exemple. Le mobilier a été installé sous l’Empire.

2) L’Appartement intérieur

Cet appartement fait partie du circuit de visite des Grands Appartements et fait suite à la salle du Conseil.
L’Appartement intérieur est celui qu’habitait l’empereur lors de ses séjours entre deux campagnes. Situé au premier étage de l’aile doublant la galerie François Ier sur le jardin de Diane, l’appartement est constitué de six pièces. Construit à l’origine pour Louis XVI entre 1785 et 1786, décoré simplement, il fut entièrement réaménagé pour Napoléon à partir de 1804. Son état a été peu modifié depuis l’Empire et la distribution des pièces correspond encore à l’étiquette établie par Napoléon pour l’agencement des palais impériaux.
La restauration de l’Appartement intérieur, engagée de 1978 à 1995, n’aurait pu se faire sans un effort continu de l’Etat et sans la perennité du savoir-faire des métiers d’art. Elle est pour les visiteurs l’occasion de comprendre comment un des lieux les plus marqués par notre histoire continue d’être aussi un des plus beaux témoignages de notre patrimoine artistique.

La chambre de l’Empereur (9), qui fut après lui la chambre à coucher de tous les souverains jusqu’en 1870, est la pièce la plus spectaculaire de tout l’appartement par la présence du grand lit de parade mis en place en 1809. La pièce était l’ancien “cabinet à la poudre” de Louis XVI (servant à la toilette du roi). Napoléon en fit son cabinet de travail puis sa grande chambre à coucher. Des aménagements faits pour Louis XVI subsistent l’ordonnance générale des boiseries, la cheminée, les encadrements de porte sculptés et les dessus de porte en camaïeu. Suivant les désirs de Napoléon, le décor mural fut enrichi en 1811 de peintures rehaussées d’or : abeilles impériales, victoires, fleurs de pavots, etc… Le lit et les sièges sont recouverts d’un velours chiné. Le fond couleur prune, a été brodé de fil jaune à la demande de Napoléon qui le jugeait trop sombre.
La petite chambre à coucher, qui vient après la grande chambre était en réalité son cabinet de travail (10). Pour que l’empereur put facilement se reposer, un lit mécanique en fer fut, à sa demande, installé en 1811. Ce lit et les sièges sont recouverts de taffetas vert. Le grand bureau mécanique de Jacob Desmalter est d’un type conçu spécialement à la demande de l’empereur : le plateau supérieur à coulisse peut se refermer en un instant. La peinture du plafond date de 1818. C’est une allégorie du retour des Bourbons en France ; elle représente la clémence royale arrêtant le cours de la justice.
Avec le salon particulier de l’Empereur, dit “salon de l’Abdication” (11), la somptuosité du décor et de l’ameublement et l’or répandu à profusion manifestent la volonté de donner aux pièces réservées à l’usage personnel du souverain un éclat exceptionnel. Le brocart de soie et d’or à fond cramoisi, à motifs de lyres et de rosaces garnit les murs et les sièges. L’ameublement complet du salon particulier, mis en place en 1808, est parvenu jusqu’à nous, dont le célèbre guéridon sur lequel Napoléon aurait signé son acte d’abdication le 6 avril 1814, avant de faire ses adieux à la garde dans la cour d’entrée du château. La cheminée en marbre griotte d’Italie, posée en 1805, est encore ornée de la pendule en porcelaine de Sèvres en forme de colonne dont les heures sont représentées par autant de figures de victoires ailées. Un extraordinaire lustre en bronze doré et cristal de roche brille de tous ses feux.
Le passage des bains (12) est une pièce entresolée, faisant suite au salon, qui doit son nom à la salle de bains installée pour Napoléon en 1806 et visible à travers une porte vitrée. La baignoire en cuivre étamé, garnie de mousseline, le bain de pieds en tôle vernie et les sièges en acajou sont ceux que connut l’empereur. Le passage des bains servait aussi de petite salle à manger comme l’indique la table à abattants, livrée en 1808. Les deux fauteuils en acajou destinés à l’empereur et à l’impératrice ont pu être rachetés en vente publique en 1991 et retrouver leur emplacement d’origine.
Le salon des Aides de camp (13) qui suit, rappelle le service, de jour comme de nuit, des Aides de camp de l’Empereur, chargés de la garde de sa personne comme de nombreuses missions spéciales. La sévérité du décor des murs est tempérée par la variété des couleurs apportée par les sièges couverts en tapisserie de Beauvais, à décor d’animaux et de paysages, par les meubles d’acajou et le tapis moquette, retissé à l’identique en 1995.
L’antichambre (14) commande l’enfilade des salles ; elle est desservie par l’escalier de la chapelle et la galerie François Ier. Son ameublement très simple – des banquettes et des tabourets en bois peint, une lanterne en bronze doré – est celui remis en place en 1808.