Jardins & Parc Renaissance Napoléon Ier

CHASSE ET FORÊT

Quelques salles emblématiques – la galerie des Cerfs, l'appartement des Chasses, la galerie des Fastes – témoignent de l'importance de la chasse et de la forêt à Fontainebleau.


I. La galerie des Cerfs

Edifiée sous le règne d’Henri IV, la galerie est ornée vers 1602 de vues cavalières des principales maisons royales et de leurs forêts, peintes à l’huile sur plâtre par Louis Poisson. On découvre par exemple les domaines de Chambord, de Saint-Germain en Laye, d'Amboise, de Fontainebleau – à l'une des extrêmités de la galerie –, le château de Madrid aujourd'hui disparu ou encore le grand projet d’Henri IV pour relier le Louvre au palais des Tuileries. Entre chaque panneau, délimité par un cadre feint, est placé un trophée : la tête de cerf, réalisée en plâtre peint, porte des bois véritables. Le plafond « à la française », avec ses poutres et solives apparentes, est peint vers 1639-1640 de trophées de chasse groupant hures de sangliers, têtes de loups, filets, épieux et fusils.
Transformée en appartements au XVIIIe siècle, la galerie a retrouvé son état originel grâce aux travaux de restaurations entrepris par Napoléon III.

Diane

La « Diane à la Biche », placée dans la galerie des Cerfs, est une sculpture en bronze fondue en 1603 par Barthélemy Prieur d’après l’original romain en marbre, offert à Henri II par le pape Paul IV en 1556. Cet antique qui ornait le jardin de la Reine (actuel jardin de Diane) est exposé au musée du Louvre depuis la Révolution. Une autre copie en bronze (1684) placée en 1813 continue d’orner la fontaine créée par Henri IV.
La déesse est vêtue d'une tunique retroussée jusqu’aux genoux afin de faciliter sa course et porte dans le dos un carquois de flèches.
Diane, fille de Jupiter et de Léto, est la sœur jumelle d’Apollon. C’est une vierge chasseresse, parfois assimilée à la lune. Elle vit dans les forêts et les espaces sauvages, avec ses farouches compagnes. Elle ne se laisse jamais approcher par les hommes. Un jour, l’un d’eux, Actéon, se perd et surprend involontairement la déesse prenant son bain avec les nymphes. Furieuse, Diane lui jette un sort cruel : le jeune chasseur est transformé en cerf. Ses chiens, ne le reconnaissant pas, se jettent sur lui et le dévorent.


II. La chasse royale de Louis XIV

Pierre-Denis Martin, « Vue de la maison royale de Fontainebleau », 1722, (2,92×2,42m), huile sur toile, galerie des Fastes.

Cette Vue de la maison royale de Fontainebleau souligne l'importance des jardins et de la forêt. Les parterres de buis, les bassins et autres fontaines embellissent les formes classiques des jardins et du parc dessinés par André Le Nôtre. Quant à la forêt, elle est visible au premier plan, en une sorte de clairière, et en arrière plan. Elle constitue l’attrait le plus puissant du site pour les rois, grands amateurs de chasse.
Celle immortalisée par Pierre-Denis Martin (Paris, 1663-1742), « peintre ordinaire et pensionnaire du roy et de sa majesté », est l’une des dernières que Louis XIV a suivie à Fontainebleau.

Zoom roi dans la calèche
Fouet en main, le roi mène une calèche légère attelée à quatre chevaux. Louis XIV avait pris l’habitude de traquer le gibier en cet équipage depuis qu’il s’était démis le bras, lors d’une chasse à Fontainebleau. Pour écouter le cavalier qui l’aborde, le roi ralentit l’allure.

Zoom cerf poursuivi par les chiens (1° plan à gauche)
La meute poursuit un cerf dans un amas rocheux.

Zoom 2nd plan à gauche
Au pied du Mont Chauvet, des cavaliers, chiens de meute, carrosses et attelages rejoignent la chasse.

Zoom arrière plan
A l'orée de la forêt on aperçoit, de gauche à droite, le Vieux Chenil affecté à la Petite Ecurie – où le Grand Veneur loge – , la Capitainerie des Chasses, ainsi que la Grande Ecurie près du canal (jadis « Héronnière » sous François Ier).


III. Escalier de la Reine et Appartement des Chasses

L'escalier de la Reine et l'appartement des Chasses, où logea le Prince Impérial, présentent depuis 1835 les grands cartons des tapisseries de la tenture dite des Chasses de Louis XV, peints par J.-B. Oudry. Huit des neuf compositions de cet artiste y sont présentées.
L'exécution de la commande de J.-B. Oudry s'échelonne de 1733 à 1746. Elle devait servir de modèles pour des tapisseries tissées à la manufacture des Gobelins. Une tenture ornait les appartements du roi à Compiègne, autre résidence de chasse de Louis XV. Son petit fils, Louis XVI fit réaliser des miniatures de ces mêmes compositions pour Versailles.

« Rendez-vous au carrefour du Puits du Roi, forêt de Compiègne, ou le Botté du Roi »,

1735, huile sur toile, (3,57x6,50m).


Zoom le roi au centre
Le botté du roi.
Au premier plan, le roi Louis XV vient de descendre de sa calèche tirée par six chevaux bais. On lui ajuste ses bottes pour monter en selle. Il est entouré du premier écuyer (à sa droite) et du grand écuyer (à sa gauche).

Zoom 1er plan à droite
Le piqueur
Un piqueur retient les deux chevaux blancs du roi. Sa mission est de suivre à cheval la bête poursuivie par la meute. Il a la charge de la meute royale.

Zoom personnage à cheval à gauche du roi
Le Grand Veneur.
Le roi s’adresse au Grand Veneur. Il est l’unique chef de l'équipage du souverain et reçoit les ordres de ce dernier, avant de les transmettre aux participants.

Zoom arrière plan
Le rendez-vous
La meute en pleine lumière est retenue par des valets. De nombreux cavaliers, dispersés, attendent à ce carrefour, rendez-vous traditionnel du départ de la chasse.

« Cerf aux abois dans les rochers de Franchard, forêt de Fontainebleau », 1738,

huile sur toile, (3,67x6,61m).


Le site, grandiose et chaotique, est celui des gorges de Franchard en forêt de Fontainebleau. Il met en scène un cerf aux abois.

Zoom arrière plan
L'hallali
Acculé contre les rochers, le cerf est cerné par les chiens qui jaillissent de toutes parts. L’hallali peut sonner ; il annonce que l'animal poursuivi est sur le point de se rendre.

Zoom premier plan
Le roi
Le roi Louis XV, monté sur un cheval blanc, est entouré d’une douzaine de cavaliers. Avertissant que l’animal est forcé par la meute et qu’il va être mis à mort, le roi ordonne de sonner l’hallali.

Zoom en bas à droite
Autoportrait de l'artiste.
Jean-Baptiste Oudry, né à Paris en 1686 d’un père peintre, est considéré comme le meilleur peintre animalier du XVIIIe siècle. En 1724, il reçoit de Louis XV ses premières commandes. Dès 1733, il est chargé de l’exécution de plusieurs tableaux représentant les chasses royales pour servir de modèles à des tapisseries.

« Le Forhu à la fin de la curée », 1746,

huile sur toile, (3,40x2,80m).


zoom gauche
La curée
La chasse s'achève par la curée : un valet de chiens tient au bout d’une fourche les entrailles encore chaudes du cerf qu’il va livrer à la meute. Excités et impatients, les chiens s’agglutinent autour du valet. La curée récompense leurs efforts.

Zoom droite
Le forhu
Des chiens arrivent à toute allure attirés par le forhu, sonnerie de trompe des piqueurs, destinée à rassembler la meute.


IV. Tapisserie des Chasses de Maximilien

D'abord propriété de Maximilien II, les tapisseries des Chasses de Maximilien passent ensuite dans le patrimoine des ducs de Guise, puis du cardinal Mazarin et de Louis XIV. Ayant échappé aux destructions révolutionnaires, elles sont présentées aujourd'hui au musée du Louvre.
Les tapisseries ont été tissées dans les meilleurs ateliers de l’époque, ceux de Bruxelles, d'après les cartons du peintre Bernard Van Orley. Elles représentent des scènes de chasse, essentiellement au cerf et au sanglier, sur fond de forêt bruxelloise. Les douze grandes pièces correspondent aux douze mois de l’année.
Ces tapisseries auraient pu, en raison de leur perfection, décourager les imitations mais c’est le contraire qui se produisit : on les copia à Bruxelles, à Florence et pas moins de huit fois aux Gobelins. C'est de cette manufacture que provient la tapisserie exposée au château de Fontainebleau. Dans cette scène qui clôt le cycle de la tenture, se mêlent représentations réalistes et allégories.

Le mois de février,

tapisserie, (4,40x6,48m). Manufacture des Gobelins, début XVIIIème siècle, Salon François Ier.


Zoom grand cartouche rédigé en latin
Le grand cartouche comportant à l'origine 8 lignes rédigées en latin expliquait le sens de la tapisserie :
« Si tu n’omets rien de ce qui est juste, si vivant bien que tu faits point de mal, accomplissant envers tous ton devoir, que peut-il y avoir de plus beau que la pratique de la chasse, réglée par Modus et dirigée par dame Ratio ? Préservée de l’oisiveté et de la gourmandise, t’occupant de ce qui est honnête, tu te maintiendras sain et sauf, tu réchaufferas tes membres par le labeur ; l’année passera joyeusement dans cet exercice, et ta vie s’écoulera heureusement en jours pleins de santé. »

Zoom en haut à droite
Le roi Modus et la reine Ratio sont les personnages symboliques du traité de chasse de Henri de Ferrières, Livre du roi Modus et de la reine Ratio (XIVe siècle) – personnages empruntés plus tard par Gaston Phébus pour son ouvrage de cynégétique. Ils figurent assis sous un dais, auprès d’une statue de Diane chasseresse, foulant aux pieds les figures de l’Oisiveté et de la Gourmandise.

Zoom au centre
Les chasseurs, accompagnés de leurs chiens, viennent leur rendre hommage.

zoom en haut au centre
A travers la baie, l’enclos du parc réservé aux cerfs et aux biches.

La Société des Amis & Mécènes du Château de Fontainebleau I crédit photos I Legal