Atelier de Anne-Louis Girodet
( Montargis 1767- Paris 1824 ),
répétition confiée à Jean-Baptiste Mauzaisse (Corbeil 1784 – Paris 1844) et Giroux  (?-?)
1812-1814
Huile sur toile
H. 2,61 ; L. 1,84


Girodet reçut en février 1812 commande d’une représentation de l’Empereur en trente-six exemplaires, destinés à chacune des trente-six Cours d’appel de l’Empire à son apogée. Cette image officielle du souverain montre Napoléon debout en « grand habillement » du sacre, vêtu du manteau impérial doublé d’hermine, portant le grand collier de la Légion d’honneur, et tenant dressé son sceptre d’une main assurée. Elle dégage une impression de puissance et de stabilité. Girodet donne à cette figuration de l’Empereur un traitement quasiment sculptural.
Aux classiques imperalia (sceptre tenu dans la main gauche, main de justice et globe posés sur un coussin reposant sur une table) s’ajoute, invention de Girodet, le Code civil, attribut du prince législateur, dont Napoléon est en large partie inspirateur, sinon rédacteur.

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L'arrière-plan - La tunique - L’épée du sacre - Le manteau - L’abeille - La couronne - Le sceptre - L’anneau d’émeraude - Le globe - Le grand collier - La main de justice - Le N - Le Code civil

Portrait de Napoléon en souverain législateur

la couronne

La couronne d'or était composée de 44 grandes feuilles de laurier, de 12 plus petites et de 42 graines montées sur un bandeau ovale garni de velours. Elle fut fondue en 1819. Cet attribut rappelle bien sûr celui des empereurs romains.

Le globe surmonté de la croix

Le globe impérial affirme la dimension universelle du régime. Napoléon Ier se présente ainsi comme l’héritier de Charlemagne, empereur d’Occident.

La main de justice

La main de justice, qui caresse, frappe et bénit, est héritée de l’Ancien Régime –l’anneau ornant la base de la main, dit « de Saint-Denis », provient d’ailleurs du trésor des Rois de France. Sans doute est-ce pour distinguer la justice impériale de la justice royale que la main est ici ouverte, contrairement à celle du trésor royal.

L’abeille

En 1653 fut découvert dans le tombeau de Childéric, père de Clovis, des fibules d'or en forme de cigales considérées alors comme des abeilles. Celles-ci furent reprises par Napoléon désireux de s'inscrire dans l'histoire de France la plus ancienne en se référant à la dynastie mérovingienne. L'abeille peut être aussi considérée pour son ardeur au travail, ou pour son symbole d'immortalité et de résurrection dans l'Antiquité.

Le manteau

Napoléon Ier porte comme les rois de France le jour du sacre un long manteau de velours doublé d'hermine, avec quelques différences : il est pourpre – couleur des empereurs romains – et semé d'abeilles d'or.

L’anneau d’émeraude

Cet anneau rappelle le mariage mystique de l’empereur et de son empire.

La tunique

La tunique du sacre est un habit de satin blanc et de broderies au fil d’or ouvert sur le devant par une série de boutons. Les broderies sont constituées d'éléments appartenant au vocabulaire du style empire : étoiles, foudres, couronnes et frises de feuilles de chêne et palmes. Napoléon ne portait que cette tunique lorsqu'il reçut les onctions.

Le N

Le chiffre « N » de Napoléon est apposé sur tous les objets de l’Empereur.

L'arrière-plan

L’architecture renforce l'impression de puissance et de stabilité qui se dégage du portrait : un pilastre, visible entre la retombée du rideau frangé d’or et la chute du manteau d’hermine, exprime la dimension immuable de la justice. La profondeur est à peine suggérée par le pavement du sol. Des masses chromatiques nettes -vert olive du rideau, vert sombre du tapis, bleu du tapis recouvrant la table, pourpre du grand manteau- campent nettement l’Empereur comme une masse verticale raide et stable. La cravate, flottante et dégageant le monogramme N du grand collier, est le seul élément qui donne du mouvement à cette effigie statique.

Le Code civil.

A la différence des rois de France qui juraient sur les Evangiles de respecter les lois fondamentales du royaume, c’est sur le Code civil des Français, que semble prêter serment Napoléon.
Le Code civil est promulgué par Napoléon en 1804 et prend le nom de Code Napoléon en 1807. Il fixe l'ensemble des règles qui déterminent le statut des personnes, des biens et des relations entre les personnes privées. A l'aube du XIXe siècle, ce code, en reprenant de nombreux acquis de la Révolution et en unifiant le droit, est une œuvre majeure de modernisation du droit français. Il devient d'ailleurs un modèle pour de nombreux pays. Ainsi, le nouvel État créé à Tilsitt pour Jérôme reçoit une Constitution, rédigée par Napoléon et « donnée en notre Palais de Fontainebleau » le 15 novembre 1807, qui précise, en son titre XI, article 45 : « le Code Napoléon formera la loi civile du royaume de Westphalie, à compter du 1er janvier 1808 ».

Le grand collier de la Légion d’Honneur

Napoléon porte le grand collier de la Légion d’Honneur en or et pierres précieuses. Il a créé l’ordre de la Légion d’Honneur le 13 mai 1802 afin de récompenser les mérites militaires ou les services civils rendus à la nation, dont Napoléon est le premier dignitaire. « C’est avec des hochets », dit-il, « que l’on mène les hommes ».

Le sceptre surmonté de l'aigle

Le sceptre est un bâton de commandement, signe d'autorité de celui qui le détient. Il était un symbole fondamental et traditionnel de la monarchie française. Il est surmonté de l'aigle, oiseau de Jupiter, emblème de la Rome impériale, associée aux victoires militaires.

L’épée du sacre

L’épée représentée sur le tableau n’est pas initialement réservée au sacre. L’épée du sacre, elle, a été commandée par Napoléon Bonaparte dès le Consulat, en 1801, à l’orfèvre Odiot pour les « grandes cérémonies ». Cette épée d’apparat était ornée d'un diamant du Trésor – le Régent. En 1811, l’épée est officiellement remplacée par un glaive en or, celui-là même qui figure sur le tableau, fondu sous Louis XVIII. Les pierres précieuses qui l’ornaient, aujourd’hui conservées au Louvre, ont été remplacées par des pierres d’imitation. Glaive comme épée matérialisaient la puissance de leur possesseur.