La table, au carrefour du luxe et de l'étiquette

Musée Napoléon Ier

Alexandre Dufay (dit Casanova),
Festin du mariage de Napoléon Ier et de Marie-Louise, 2 avril 1810, 1810
Huile sur toile
H. 148 ; L. 224,5

Casanova immortalise le banquet du mariage de Napoléon et Marie-Louise, d'une grande solennité. Il se déroule dans la salle de spectacle des Tuileries le soir du 2 avril 1810 et montre l'importance de l'étiquette. Dressée sur la scène même du théâtre, la table du banquet disposée en demi-cercle, s'ouvre, s'imagine-t-on, sur une foule de spectateurs identique à celle qui s'amasse dans le fond du tableau. Les regards se tournent vers les acteurs constitués en grande partie de la famille impériale.
Napoléon et sa nouvelle épouse sont au centre de la table. Leur position est renforcée par la présence du dais suspendu, tradition héritée de l’Ancien Régime. A gauche sont assis Napoléon, sa mère et les hommes, à droite Marie-Louise et les femmes. La table est dotée d'un riche et lourd décor à la hauteur de l'évènement, est constitué d'une partie du « Grand Vermeil » : les nefs de l'empereur et de l'impératrice sont posées aux extrémités, les cadenas devant eux, six grandes girandoles à figures de femme ailée éclairent la table, et différentes autres pièces de décoration l'agrémentent.

Le « Grand Vermeil », service de table en vermeil, œuvre de l’orfèvre Auguste à Paris, 1804

Napoléon accorda une grande importance à la codification des repas. Dans le livre Étiquette du palais impérial, un titre spécial concernait les repas divisés en grand couvert, petit couvert et service dans les appartements intérieurs. Le « Grand Vermeil », offert par la ville de Paris en 1804 à l'occasion de la cérémonie du sacre et composé de plus de mille pièces, est une orfèvrerie d'apparat qui permet de pouvoir dîner en grand couvert comme sous l'Ancien Régime.
Pour des repas moins solennels Napoléon utilisait d'autres services de vermeil ou d'argent blanc.

La nef de l'impératrice (Auguste, orfèvre, Paris, 1804)

Les nefs appartiennent aux tables royales d'Ancien Régime. A l'origine, la nef contient les épices ou les serviettes du souverain et devient par la suite un objet symbolique disposé sur les tables royales lors des repas publics, symbolisant la place et la présence du souverain. Les nefs de l’Empereur et de l’Impératrice, de forme et de dimensions semblables, présentaient quelques différences quant au décor.

Le cadenas de l’empereur (Auguste, orfèvre, Paris, 1804)

Les cadenas, type de présentoir apparu au XVIe, sont composés de deux parties, le plateau et un petit coffret à plusieurs compartiments servant à conserver des épices.

Assiette du service particulier de l’empereur : le palais des Tuileries et la rue de Rivoli

Les tables impériales sont somptueusement garnies : vermeil, argenterie abondante, services de porcelaine produits par la Manufacture de Sèvres. Le plus important de tous fut le « service particulier de l'empereur ». Voulu par Napoléon, il devait être orné de sujets « qui réveillent des souvenirs agréables » : pays visités lors des conquêtes, palais impériaux, institutions...
Ici, l'assiette représente la rue de Rivoli et, au fond, le palais des Tuileries, résidence officielle de l'empereur. Son marli comporte une frise de glaives à l'antique en or sur fond vert.